La bataille de Jemmapes

                                                                                                                                       Le contexte politique de l'époque
La Belgique actuelle n'existait pas, elle était partie intégrante des Pays-Bas Autrichiens, ces mêmes Pays-Bas étaient divisés en deux camps, d'un côté les Hollandais protestants (actuels Pays-Bas) et de l'autre les Belges catholiques (les Pays-Bas méridionaux). La Principauté de Liège était indépendante.

La France était en pleine révolution depuis 1789 et mettait fin au règne du Roi de France pour une république.
Le 27 août 1791, le roi de Prusse Frédéric-Guillaume II, l'empereur allemand Léopold II et l'Électeur de Saxe ont eu une entrevue à Pillnitz, en Saxe.
A la suite de celle-ci, l'empereur exige des révolutionnaires français qu'ils rétablissent le Roi de France dans la plénitude de ses droits. Depuis la fuite à Varennes, en effet, Louis XVI, beau-frère de l'empereur
d'Allemangne,a été suspendu de ses droits.
Après la chute de la monarchie, un mois plus tôt, les Prussiens ont envahi sans difficulté l'est de la France. A Paris, où l'on a proclamé la patrie en danger, beaucoup crient à la trahison. Des sans-culotte courent d'une
prison à l'autre et massacrent les prisonniers. La jeune république commence à recruter des troupes de soldats.

                                                                                                           La bataille de Valmy en France
En Champagne, les généraux Dumouriez et Kellermann, fraîchement nommés, arment à la hâte les volontaires. Leurs armées composées de soldats professionnels et de volontaires se regroupent sur le plateau de Valmy.
47.000 Français adossés à un moulin font bientôt face à 34.000 Prussiens sous le commandement du duc de Brunswick. Quand le brouillard se dissipe, Kellerman lève son épée, surmontée de son chapeau au panache
tricolore, et crie: Vive la Nation. Les soldats l'imitent et entonnent La Marseillaise.
Une canonnade sans importance à lieu. L'infanterie prussienne monte à l'assaut mais recule presque aussitôt sous le feu de 36 canons. Pour la première fois depuis le début de la guerre, les Français encaissent l'attaque
sans broncher.
Le duc de Brunswick est décontenancé par cette résistance. 20.000 boulets sont au total échangés avant qu'il ne décide de se retirer. La canonnade a fait en tout et pour tout moins de 500 victimes (300 chez les
Français, 184 chez les Prussiens). Les Prussiens, trempés par la pluie et rendus malades par la dysenterie qu'ils ont attrapée dans les vignes de Champagne, battent sagement en retraite.
Les Français s'abstiennent de les poursuivre, ce qui vaudra plus tard aux généraux des deux camps d'être soupçonnés de trahison.
En attendant, la France est préservée de l'invasion. La Révolution peut continuer.

                                                                                                        Les prémices de la bataille de Jemmapes
Forte d'un premier succès à Valmy, la toute jeune République française décide de pousser son avantage contre les Prussiens et les Autrichiens qui la menacent d'invasion.
C'est en Belgique, possession des Habsbourg depuis Charles Quint, qu'ils portent leur effort.
L'armée autrichienne du duc de Saxe-Teschen, qui y prend ses quartiers d'hiver, est prise au dépourvu par l'offensive de Charles François Dumouriez, le vainqueur de Valmy.
La bataille de Jemappes s'inscrit dans le cadre de la campagne menée par les armées de la jeune République française pour exporter le modèle révolutionnaire. L'armée du Nord était commandée par Dumouriez qui, par diverses manœuvres de diversions, avait réussi à fixer les troupes autrichiennes sur un front s'étendant des Flandres aux Ardennes. Pour la confrontation de Jemappes, il put ainsi rassembler des forces deux à trois fois
plus importantes que celles des Autrichiens.
Rassemblées à Valenciennes, les troupes de Dumouriez (ci-dessous) enlevèrent le moulin de Boussu les 3 et 4 novembre 1792.


                                                                                                                    Le plan de bataille
Le lendemain, les armées françaises et autrichiennes se faisaient face. N'ayant pas profité de la faiblesse du flanc gauche adverse, Dumouriez prévit une attaque générale le 6 novembre au cours de laquelle il pensait pouvoir d'abord encercler les Autrichiens et en terminer par une action au centre.

La bataille de Jemappes (Jemmapes à l'époque) s'engage le 6 novembre 1792 à 7h du matin au son de la Marseillaise. Après un duel d'artillerie inefficace de 7h à 10h, Dumouriez attaque de front mais les français sont
stoppés par le feu des redoutes. D'Harville avec ses volontaires n'ayant jamais subis l'épreuve du feu n'ose pas avancer et reste inactif. A droite Beurnonville ne peut avancer, bloqué par une très forte résistance.
A gauche, Ferrand de la Caussade gravit les hauteurs de Jemappes avec six bataillons et tombe sur le flanc droit des autrichiens qu'il enfonce. Aussitôt, il est midi, le centre français entre en ligne mais se heurte de nouveau
au feu terrible des batteries autrichiennes. Approchant des lignes ennemies la fusillade des chasseurs tyroliens et la menace de toute la cavalerie autrichienne les arrêtent puis les fait reculer. Après un instant de flottement,
le duc de Chartres rallie ces brigades et les relance contre le centre autrichien qui plie et recule sur Mons. Beurnonville toujours bloqué sur la droite, Dumouriez s'y porte et entraîne les bataillons au chant de la Marseillaise,
 "A votre tour, mes enfants !" leur aurait-il crié. Toute la ligne autrichienne craque maintenant et reflue sur Mons. La victoire est gagnée.
Les autrichiens battent en retraite dans la direction de Mons. Si le général d'Harville avait exécuté les ordres de Dumouriez l'armée autrichienne ne pouvait que capituler.
Forces en présence -> France : 40 000 hommes ; Autriche : 26 000 hommes.
Pertes -> France : 1 950 morts ; Autriche : 1 241 morts.

                                                                                                         L'après bataille, les conquêtes françaises
Jemappes n'est absolument pas une bataille stratégique ni même tactique, c'est une bataille frontale, les plus coûteuse en vie humaine. La bataille est confuse, la victoire n'est obtenue que difficilement et est chèrement payée,
mais son retentissement en Europe est énorme. On y reconnaît de nouveau aux Français et aux armées de la République la capacité de gagner des batailles rangées. Jemappes livrait la Belgique aux armées françaises, les autrichiens ayant préféré l'évacuer sans songer à la défendre. Dumouriez entra à Mons le 11 novembre, le 15 novembre à Bruxelles et le 28 novembre à Liège. Ses lieutenants dans le même intervalle de temps prenaient Charleroi, Namur (2/12/1792), Ostende, Bruges, Gand et Anvers (30/11/1792). Début décembre 1792, toute la Belgique est conquise, Aix la Chapelle est également occupé et la Belgique déclarait ses liens rompus avec l'Autriche et souhaitait se constituer en République.
Dès 1793, le Hainaut est attaché à la France et prend le nom de « Département de Jemappes ». Ce premier rattachement français est bref. En effet, le 18 mars 1793, les Français sont battus à Neerwiden. Pour la troisième
 fois, l'Autriche récupère les Pays-Bas et y rétablit l'Ancien Régime. Mais, la bataille de Fleurus (26 juin 1794) inaugure le retour des Français.

                                                                                                                                       L'héritage laissé par la France
Le 1 er octobre 1795, un décret de la Convention réunit l'ensemble des territoires belges, divisés en neuf départements, à la France. Le département de Jemmapes acquiert une configuration qui est toujours celle de l'actuelle province de Hainaut.
La période française que connurent les territoires qui forment actuellement la Belgique est une époque charnière dans l’histoire de ce pays : elle consacre, en effet, la fin des privilèges et du régime seigneurial, la naissance des droits de l’homme, d’un nouvel ordre institutionnel, économique, social et juridique. Elle place sur le devant de la scène un personnage jusque-là effacé dans le débat politique : le peuple. Elle laisse des traces profondes non seulement dans les dispositions législatives ou l’organisation administratives, mais aussi dans les gestes les plus anodins de la vie quotidienne : songeons au bouleversement engendré par la généralisation du système métrique
ou du papier-monnaie. Enfin pour notre pays, l’époque française scelle la réunion des provinces des Pays-Bas méridionaux avec la principauté de Liège.

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